Dessiner le mouvement

Il y a quelques semaines, Christina, l’une de nos modèles, a proposé une séance de 10 mn au cours de laquelle elle danserait sur un rythme lent.

Les mouvements exécutés étaient continus et fluides. Pour donner une idée, un mouvement circulaire de bras était réalisé en 5 ou 6 secondes.

Dans cet exercice, il faut abandonner l’idée de tout dessiner. L’enjeu est de traduire le mouvement en ne s’attardant que sur certaines parties du corps. La difficulté réside dans la justesse naturelle d’un trait pour saisir une vérité fugitive, éternelle et donner une sensation de dynamisme.

Sans être une experte, je me confronte, dès que l’occasion se présente, à ce genre de difficulté. Un match de foot, une file d’attente, une terrasse de café, un marché… Le festival d’Avignon m’offre chaque été un grand nombre d’opportunités de travailler la synthèse graphique d’un mouvement.

Je regarde peu ma feuille. Mes yeux sont concentrés sur la scène qui se déroule devant moi. Ils guident ma main qui épouse le mouvement.  L’idée de réaliser quelque chose de joli ne fait pas partie de mes préoccupations.  Il s’agit, pour moi, d’entrainer mon œil à guider ma main. Progressivement, les traits sont plus justes, la mémoire reconstitue naturellement les formes du corps.  Les dessins sont présentés dans l’ordre chronologique.

J’ai travaillé à la sanguine, sur des feuilles de papier croquis de 130 g.

La seconde série a été réalisée pendant un match de foot sur papier croquis au stylo pinceau noir.

Dans les dernières années de sa vie, Rodin a dessiné des danseuses cambodgiennes.  Son regard ne quittait pas les danseuses. Une fois le dessin exécuté, il passait au suivant, les feuilles se succédaient au rythme des mouvements.

Dans un second temps, il reprenait ses dessins à la gouache ou à l’aquarelle.

GBC le  30 mars 2024

Match de foot à Saint-Ouen. Ici pas de lenteur, il faut saisir le mouvement.